Séville est un haut lieu de la sainteté. Dans quelques jours, elle sera à nouveau le théâtre de la Semana Santa qui, depuis des semaines, s’y prépare. Des chars, les pasos, pouvant peser jusqu’à 2500 kilos, portés à dos d’hommes, convergent vers les Eglises, chargés d’objets enluminés, d’or et d’argent, de saints et de Vierges. Je retiendrai la façon dont ils sont portés. Sous chaque paso, quarante hommes, des costaleros, calent leurs nuques, protégées d’une coiffe de toile brute, sous les poutres de la structure. La taille ceinte d’une ceinture de force, au commandement du Capataz, ils sautent comme un seul homme, soulèvent leur charge dans un cri. Celle-ci tressaute et retombe se caler sur leurs nuques. Tous doivent synchroniser leur pas, au risque d’être écrasés. Il en va de leur vie comme de leur foi. Au bout de la ruelle, la haute porte de l’Eglise ne l’est pas assez pour laisser passer le convoi. Les costaleros s’abaissent au sol et c’est à genoux qu’ils achèvent leur progression.