Pas simple d’être un auteur. Je ne parle pas des difficultés d’écrire, qui sont des difficultés chéries et recherchées, mais de celles d’exister pour des lecteurs, d’émerger, d’être lu.
A l’origine, une question : pourquoi un auteur souhaite-t-il être lu ? Jusqu’à présent, elle est pour moi une source de blocage, suite à une croyance selon laquelle seul l’art pour l’art serait de l’art. Vouloir être lu, c’est entrer dans un processus de reconnaissance de soi par les autres vécu comme dégradant, mercantile, prétentieux, mégalomaniaque, tourné vers l’inverse de ce qui fait la motivation de certains artistes : transformer leur monde, le concocter dans le secret de leur âme avec une sincérité qui exclut toute prétention. Au sortir de cet état de solitude extrême que cela demande, le désir apparaît tout de même clair que cette « chose faite » soit portée aux regards d’autres. J’ai cessé, pour éviter de rester bloquée sur la question toute ma vie, de me demander pourquoi. C’est un fait. Si on prend la peine d’y réfléchir, ce désir préexistait dans le processus de création, par la sensation que nous avons eue que nous nous adressions au monde ou en tous cas, aux échos vivants de notre sensibilité. La création est un élan vers eux. En définitive, la vraie prétention, la vaie mégalomanie, serait de créer uniquement pour soi, vers soi. C’est dans notre générosité qu’il faut puiser l’énergie nécessaire à attirer les regards vers soi. Ce paradoxe est une problématique douloureuse. Pour donner, il faut pour un temps ne s’occuper que de soi et de son image, ce qui est détestable. Il faut clamer lisez-MOI. Achetez-MOI. Appréciez-MOI et dites-le MOI, bref, se comporter comme un racoleur de bas étages.
Depuis quelques temps, poussée par les encouragements d’Anaël Verdier, je me fais violence pour m’afficher sur quelques réseaux sociaux et je m’aperçois à quel point il faut brailler pour être à peine entendu. Je mesure aussi les compétences qui sont nécessaires et éloignées des miennes . Je vais continuer, parce qu’il y a peu de chances que j’arrête d’écrire et je refuse une vie où je n’écrirais que vers moi. Si Anaël sourit quand j’exprime mes réserves, c’est qu’il sait ce qu’il y a de généreux à faire ce pénible effort pour exister.
Quelques bonnes surprises nous attendent peut-être. On pourrait prendre un plaisir inattendu a l’exercice ? Qu’en dites-vous?
Je partage vos sentiments. Cependant les réseaux sociaux restent un outil nécessaire, voire incontournable, qui fonctionne dès que l’on cible son public… Bref, c’est une autre difficulté qui apparait. Mais qui va lire mes livres ??? 🙂 Bon courage !
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Oui, c’est une vraie question ! Merci de la poser 😉 J’en profite pour vous dire que je suis avec plaisir vos articles.
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Merci, et réciproquement 🙂
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Surtout continue à t’exprimer. Il y a une place pour chaque voix qui souhaite partager et échanger. Je connais les mêmes affres. Si j’ai réglé la question du « vouloir être lue », il me reste à surmonter le fait de faire dépenser de l’argent pour pouvoir être lue 😉
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Je suis contente de rencontrer une compagne d’affres. On va pouvoir se motiver. J’ai lu quelque part ou entendu que ce n’était pas une dépense mais un investissement ! Une bonne réthorique pour passer le cap!
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Et oui,moi aussi, j’ai du mal avec la promo. Il suffit peut-être de croire en soi pour pouvoir se vendre… En tout cas votre blog est artistiquement et visuellement superbe. J’y reviendrai.
Bravo et à bientôt.
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Bonjour Sylvie,
Je te rejoins (hélas… ou pas) totalement dans cette vision…
Mais une chose est sûre, tu as des choses à dire, tu les dis bien, et il faut continuer à les dire pour longtemps, alors persévère !
Patrick.
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