Le désert bouge, je bouge sur lui. Je grimpe à une de ses dune. Quelqu’un est là, plein de souffle, une forge. Il parle en montant. Son corps le lui permet. Moi, en montant, je ne peux que monter. J’attrape du regard des bribes de la beauté dorée qui m’entoure . Je cherche le souffle qui stabilise le coeur, le trouve, le perds. Pas un mot ne s’embarque sur ma respiration. L’autre parle sans arrêt . Opiniâtre dans son ascension comme dans sa volonté de m’entretenir. Il est cultivé ; son discours sonne comme une vieille revanche. Chaque mot, juste, précis, renseigné, m’enfonce un peu plus dans le sable. Pour le faire taire, j’ânnone des piques qui ne font qu’aiguillonner son argumentaire. Sa gorge neutralise le paysage. Je n’ai pas le souffle de me défendre ni de le distancer. Dans le ciel devenu mauve, le soleil tape une même lumière sur le croissant de lune dentelé que sur les dunes arrondies. La lune semble plus que jamais une portion détachée de la Terre. Les squelettes noirs des dattiers sont dressés de part et d’autre de la trouée claire. Je voudrais m’en souvenir. Je m’arrête . Il saisit cette opportunité pour me faire face. Il doit dire quelque chose d’important parce que son regard bleu-noir cherche avidement l’approbation du mien. Je parviens à articuler la demande ferme qu’il s’ôte de ma vue pour que je puisse admirer le coucher de soleil sur le désert. Il fait un pas de côté et se confond en excuses. Interminables. Le parasite fait définitivement partie du tableau.
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Crédit photo:Anita Ritenour
Eh oui… même dans les déserts !
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Ton commentaire me fait trop rire ! On voit que l’affaire ne t’es pas inconnue.
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J’aime beaucoup ! Effectivement, certaines personnes sont dans un espace, dans une étrange étrangeté au contexte ! Pas seulement dans le désert !
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Pas seulement en effet, des écrans au monde sensible où qu’il soit
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tu as décidément le don d’éveiller nos sens : j’ai senti la chaleur du désert, j’ai retenu mon souffle, j’ai entendu les mots qui s’enlisent et j’ai voulu les chasser comme des mouches, j’ai été éblouie par le soleil, par la beauté, j’ai eu soif… tu as un talent fou ma syloux.
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Contente de t’avoir emmenée en balade !
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