Avez-vous vu
L’homme raffiné a pattes de velu
Coupe impec par dessus
Une poussée sauvage
Qu’il nie
A laquelle il dit « ta gueule ».
Derrière son dos, ses poils s’expriment
Ils poussent dans ses pores, sur son échine, ses fesses
A son insu
Ils reprennent le dessus
Un instant
Et il sera perdu dans sa forêt pileuse
A chercher une issue
A coups de peigne aux dents de caïman
A démêler ce qui dit la vérité de ce qui ment
Patiemment
Poil après poil après poil
Tisser des kilomètres de kératine
Sur une machine, comme une machine
Comme une fille de tisserand
Pour un semblant
De discipline
Avez-vous vu
L’homme raffiné à patte de velu
Faire comme si
Il pouvait repousser la pousse
De sa nature sauvage
Trancher ses racines
Avec un rasoir sans âge
Dans son dos
En écheveau s’échevelle
Comme de l’eau
Il s’infiltre à travers la trame
Des tissus délicats et chers
Solidement chevillés à sa chair
Traversant cachemire, popeline
Couches et couches de quant à soi
Des épaisseurs de croyances
Auxquelles il croit qu’il ne croit pas.
Avez-vous vu
L’homme raffiné à pattes de velu
Comme il est nu?
photo Alambic Talon-Queue de pie
pattes de laine et patte de velu
bravo toujours à tes textes superbes, décalés et pleins de poésie
j’adore…
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